Tout a commencé quand Suzie Crawler nous a confié, en septembre 2019, ses carnets de notes numérotés de 1 à 10. Certaines pages demeuraient collées entre elles, révélant une censure volontaire. D’autres restaient pour nous illisibles. Les annotations étaient pour la plupart en anglais, d’autres en français, d’autres en idiome québécois. Chaque carnet contenait un nombre important de pages volantes, parfois très abîmées, dont le contenu défiait toute logique chronologique. Certains passages ont été intégrés tels quels, manuscrits, sans réécriture ni remaniement. Cette histoire est celle d’une femme peu ordinaire, un besoin d’exister sans concession, une recherche d’absolu toujours déçue, un regard aiguisé sur la société. L’histoire de sa vie raconte sa recherche du lien invisible, celui qui relie les êtres entre eux, à la nature, à la spiritualité. Le hasard a conduit Suzie jusqu’à nous le 25 juillet 2019. Nous avons commencé à travailler dans l’insouciance et la joie. Puis sont venus des temps troublés par un virus mortel. Nous avons retenu notre souffle avec elle, pendant des mois, dans l’incertitude. Fin 2019, nous avons hérité d’un onzième carnet, en cours d’écriture, qu’elle nous a imposé et qui fut l’objet de beaucoup de discussions ! Suzie était probablement la personne la moins qualifiée pour porter le message qu’elle nous délivre. Une personne déracinée, isolée, qui échoue dans tous les liens qu’elle tisse avec les autres. Malgré ce, elle a porté ce message avec obstination. Son constat tient en quelques mots : L’humanité a perdu quelque chose en route.
Les connexions invisibles.
Anne Eliayan & Christian Pic